12 mars 2009

Mélange des genres

Décryptage de Douceur angevine

Comment, par un saupoudrage pseudo-juridique, impressionner son lecteur ? L’exemple publicitaire d’une officine de vente par correspondance. 


Cherchant à impressionner par une dramatisation perverse, le document, qui ne vise qu’à provoquer un nouvel acte d’achat, joue de plusieurs registres et mêle astucieusement les codes iconographiques, de manière à tirer parti de la confusion générée.

La frise d’encadrement, empruntant à l'imagerie du diplôme, signale une distinction honorifique, de nature à flatter le destinataire. Commune au document administratif officiel, la couleur bleue dominante, celle des huissiers, est soulignée d’un rouge marquant classiquement l’alerte. Des formulations légales (« j’atteste sur l’honneur », « pour valoir ce que de droit »), renforcées par la présence combinée d’un cachet et d’une signature manuscrite, complètent un vocabulaire de la sommation (« immédiatement » souligné sur fond rouge »), atténué par la notion d'innocuité (« cadeau gratuit »).

L’émotion du destinataire est sollicitée (conformément à ses conditionnements) suivant le double registre de la distinction (flatteur) et de l’injonction (peur de l’autorité). Disposée en bas à droite, une vignette argentée, s’impose comme conclusion à la lecture. Avec elle, la convoitise, qui n’était jusque là que titillée, impose maintenant le passage à l’acte du familier jeu de grattage, ou la gratification d'un lot (« ensemble de linge de maison ») résulte moralement d'un travail, aussi symbolique soit-il.

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